Province du Grand Nord

Province du Nord

 (dans une fédération avec 5 provinces)

 

Profil

La Province du Nord serait une province de la Fédération haïtienne située au nord d’Haïti. Il serait composé des départements du Nord, du Nord-Est, du Nord-Ouest et du Nord-Artibonite. Cet agencement territorial répondrait à la nécessité d’une cohésion géographique et sociale, suivrait une ligne en partie historique et permettrait une organisation administrative et économique plus efficace.

Sa superficie totale serait de 6 412 km2 avec le Nord à 2 106 km2, le Nord-est à 1 805 km2, le Nord-ouest à 2 176 km2, et le Nord-Artibonite à 325 km2 (maximum 7% de l’actuel département de l’Artibonite). Cette superficie équivaudrait à 57.6% de l’île de la Jamaïque. La population totale de la Province du Nord serait de 2 189 951 habitants sur la base des données officielles de 2015, soit environ 75,75% de la population de la Jamaïque ou 5,47 fois celle de la Guadeloupe.

La capitale de la province du Nord serait Cap-Haïtien une ville d’environ 250 000 habitants.

La province comprendrait les 45 villes et villages suivants: Cap-Haïtien, Quartier-Morin, Limonade, Grande-Rivière-Du-Nord, Bahon, Acul-du-Nord, Plaine-du-Nord, Milot, Bahon, Limbé, Bas -Limbé, Port-Margot, le Borgne, Plaisance, Pilate, Dondon, St-Raphaël, Ranquite, La Victoire et Pignon; puis Fort-Liberté, Perches, Ferrier, Ouanaminthe, Capotille, Mont-Organisé, Trou-du-Nord, Caracol, Sainte-Suzanne, Terrier-Rouge, Vallières, Carice et Mombin-Crochu; Port-de-Paix, Bassin-Bleu, Chansolme, La Tortue, Saint-Louis-du-Nord, Anse-à-Foleur, Môle-Saint-Nicolas, Baie-de-Henne, Bombardopolis et Jean-Rabel; Marmelade et Gros-Morne.

De par sa taille et son emplacement géographique, le département du Nord constituerait la base centrale de la province du Nord. Historiquement ce département a toujours été une région importante d’Haïti. Du temps de la colonie la ville du Cap était la capitale de St-Domingue. La bataille pour l’indépendance a commencé dans le Nord. L’expérience du royaume autonome d’Henri Christophe dans le Nord a produit les premières preuves du potentiel et de la possibilité réelle du succès d’Haïti si elle était sous une bonne gestion locale.

De fait, tout ce dont les Haïtiens ne peuvent que rêver en termes de progrès économique s’était déjà réalisé dans l’ancien royaume du Nord. Mentionnons l’éducation universelle, l’agriculture locale productive sous la base moderne de grandes unités de production, le développement industriel, la construction de bâtiments publiques qui reflètent notre vision de grandeur et supportent notre fierté, le respect et l’admiration que nous vouaient les étrangers, une certaine prospérité économique, etc. A ce niveau, les manquements de ce système despotique du point de vue social et politique ne sont pas si importants au point de vue historique, parce que bien qu’extrême le despotisme de Christophe était en ligne avec l’époque. A titre de comparaison, même Pétion ayant un penchant originel certain pour une forme de démocratie n’a pu s’empêcher de se faire élire Président à vie. Les valeurs démocratiques n’étaient certainement pas la norme partout ailleurs dans le monde à quelques exceptions près.

De ce fait, on peut dire que si Henri Christophe était celui qui avait survécu à Pétion au lieu de Boyer, l’histoire d’Haïti serait potentiellement celui d’un pays avancé servant de flambeau à tous les petits pays. Cependant nous connaissons tous la fin de l’histoire. D’élève brillant premier de classe, à partir de Boyer Haïti est rendue à doubler et à tripler toutes ses classes, pour se retrouver au bas-fond du classement.

Les gens des départements du Nord et du Nord-est sont en général des gens fiers. Cette fierté découle du fait que, consciemment ou inconsciemment à cause de l’héritage de Henri Christophe, ils ont l’opportunité de voir les preuves d’un passé glorieux que n’a aucune autre partie du pays. En plus, les relents des effets structurants de certaines politiques d’Henri Christophe ont en partie survécu, comme la valorisation de l’éducation, la présence d’un certain nombre de boisés témoin d’une déforestation moins avancée que dans le reste du pays excepté en comparaison avec la province du Sud. Cependant, les autres parties du Nord d’Haïti ayant fait partie jadis du royaume de Christophe, comme l’Artibonite où se trouve le palais de 365 portes et le Nord-Ouest, n’ont pas pu à travers le temps préserver cette identité régionale distincte à cause de leur plus proche proximité avec Port-au-Prince et l’absence de voie de communication directe avec le département du Nord dans le cas du Nord-Ouest.

  

L’histoire

Au cours du régime français, le centre de la province du Nord sur la rive nord d’Haïti était la zone la plus fertile de Saint Domingue avec les plus grandes plantations de sucre. C’était une zone de grande importance économique et un bastion des riches planteurs qui voulaient une plus grande autonomie de la “métropole”. Ici, la plupart des esclaves vivait dans un relatif isolement, séparé du reste de la colonie.

Puis un prêtre vaudou nommé Dutty Boukman (né en Jamaïque) qui vivait au Limbé, organisa la désormais célèbre réunion religieuse des esclaves africains au Bois-Caïman près de Plaine-du-Nord en août 1791, lançant ainsi le projet de soulèvement des esclaves. Après cette réunion, les esclaves mirent le feu à la plantation du français Sébastien – François le Normand de Mezy, à Chabaud dans la 4e section rurale de la commune de Limbé (Chabott en créole). Des milliers d’esclaves dans la région Nord se rebellent pour se battre pour leur liberté et se débarrasser de leurs maîtres. Dans les dix prochains jours, les esclaves avaient pris le contrôle entier de la province du Nord dans un soulèvement d’esclaves sans précédent, laissant ainsi aux blancs le contrôle uniquement de quelques camps fortifiés isolés. Dans les deux prochains mois avec l’explosion de la violence, les esclaves en rébellion avaient tué 2 000 blancs et brûlé ou détruit environ 280 plantations de sucre.

Notons que des rébellions antérieures avaient déjà avorté au Cap-Haïtien. Ses habitants y avaient été témoins des exécutions de Mackandal en 1758, de Vincent Ogé qui avait combattu pour les droits des Mulâtres, en 1790 et de Boukman en 1791. Cependant, durant cette dernière tentative, la vraie révolution haïtienne était née. Après de multiples batailles, une douzaine d’années plus tard en 1803, ayant conquis le reste du pays, Jean-Jacques Dessalines à la tête de l’armée révolutionnaire unifiée des esclaves, revenait dans le département du Nord pour le combat final contre les Français.

L’armée indigène s’arrêta au Limbé au carrefour appelé « Nan Canno » en créole (signifiant “dans les canons” en mémoire de ce fait historique) pour les préparations de l’assaut final contre Cap-Haitien la capitale de la colonie située 29 km plus loin au nord-est et défendue par l’armée coloniale française sous les ordres du général Comte de Rochambeau. À la célèbre bataille de Vertières situé 2 kms à l’extérieur de Cap-Haïtien, le dernier bastion français fut écrasé par l’armée révolutionnaire des esclaves. Ce coup décisif fut une perte importante pour la France et son empire colonial.
Le 1er janvier 1804, Haïti déclara son indépendance dans la ville des Gonaïves.

Par la suite, le département du Nord fut également le cœur du Royaume du Nord d’Henri Christophe, l’empereur du Royaume du Nord d’Haïti entre 1806 et 1820. Il y établit un gouvernement fort, dictatorial et centralisé qui fit la réussite économique du Royaume du Nord et en assura le progrès social en termes surtout de maintien de l’ordre public et de l’accès à l’éducation pour tous. Après sa mort, le Nord fut réuni avec le reste d’Haïti. Puis Cap-Haïtien céda son rôle politique et économique à Port-au-Prince et ne s’est jamais aussi totalement relevé du tremblement de terre qui le dévasta en 1842.

Population

La province du Nord compterait entre deux million cent quatre-vingt-neuf mille neuf cent cinquante-et-un (2 189 951) et deux million trois cent qautre-vingt-trois mille sept cents (2 383 700) habitants en 2015 ; c’est-à-dire 1 067 177 pour le département du Nord, 393 967 pour le Nord-est, 728 807 pour le Nord-Ouest et 193 749 pour le Nord-Artibonite. Cette population est ethniquement composée de 100% de noirs d’origine africaine. Bien entendu avec le mixage normal découlant de la colonisation et de la proximité de la frontière dominicaine on y trouve aussi un certain nombre de personnes mélangés et aussi d’immigrants étrangers comme c’est le cas dans d’autres régions d’Haïti. La seule exception étant la province du Sud qui a une concentration quantifiable de population historiquement d’origine mulâtre.

Cette population serait composée d’environ 35,18% de femmes et 33,33% d’hommes adultes, avec environ 31,48% d’enfants. L’âge moyen y serait d’environ 18 ans.

Données économiques

En 2010, l’économie de la province du Nord serait divisée entre les activités de Cap-Haïtien comme centre principal de services et la vocation agricole du reste du département du Nord. Il faut aussi y ajouter les échanges commerciaux de Ouanaminthe avec la République Dominicaine, les activités portuaires de Port-de-Paix et Fort-Liberté. La partie sud aride du Nord-Artibonite est une grande région de production de sel marin.

Le tourisme serait une activité de grande importance pour l’économie locale de la province du Nord. Cap-Haïtien a été et demeure encore la principale destination touristique d’Haïti, avec le centre de villégiature de Labadie qui est actuellement desservi par les bateaux de croisière de la compagnie Royal Caribbean Line. Le centre de villégiature est relié à la ville par une route asphaltée longeant le littoral  montagneux de 6 km. Mentionnons que chaque touriste rapporte actuellement 6$ américains au trésor de l’état. Avec une moyenne de 600,000 visiteurs par année, les recettes directes seraient de l’ordre de 3,6 millions de dollars américains.

Cap-Haitien a également un port colonial en eau profonde, un aéroport international desservi par quelques compagnies américaines et régionales avec des vols vers Miami, Cuba, les Iles Turques, etc. Limbé a le petit Musée de Guahaba ou Hodges dédié aux artefacts des natifs Amérindiens des tribus Arawack/Taino qui vivaient dans cette zone avant l’arrivée des esclaves africains.

L’agriculture y est aussi prospère et stable surtout dans le département du Nord qui est très fertile. Cependant les départements du Nord-est, du Nord-ouest et du Nord-Artibonite souffrent de leur position géographique contre le vent et sont défavorisés en ce sens par rapport au reste du pays en général, avec des incidences de pauvreté qui peuvent être extrêmes, comme à Jean Rabel par exemple.

Le département du Nord-Est comprend deux grandes régions. La partie ouest est aride ou même désertique et la partie bordant le département du Nord est fertile bien que montagneuse. A noter que le Nord-Artibonite dans la partie située à la limite du département du Nord est également fertile. Notez que le Nord-Artibonite possède également de grandes réserves de calcaire et de chaux terrestre. 

Pris séparément, le département du Nord est en deuxième position en Haïti pour la richesse après le département de l’Ouest qui inclut Port-au-Prince (Pétion-ville et les environs ayant une grande concentration de familles riches et de la classe moyenne). Pour ce qui est de l’indice de répartition de la richesse qu’est le taux de pauvreté, il serait en troisième position après les départements de l’Ouest et du Sud. Par contre les départements du Nord-est et du Nord-Ouest sont d’une manière générale les plus pauvres du pays.

Aussi pris dans son ensemble, la province du Nord (Nord, Nord-Ouest, Nord-est et Nord-Artibonite) serait au départ d’un nouvel arrangement provincial probablement en quatrième ou avant-dernière position comparée aux trois autres provinces et la capitale fédérale de Port-au-Prince d’une éventuelle fédération Haïtienne.

Notons aussi que les deux départements du Nord et du Nord-Ouest ont un plus grand taux de personnes vivant en diaspora que la moyenne Haïtienne, ce qui se traduit par un transfert d’argent important de l’Amérique du Nord (est. en moyenne à $420 millions de dollars, de l’ordre de 13 à 15% des transferts totaux annuels en Haïti).

 

error: Content is protected !!