Histoire

Certains personnages historiques ont marqué l’histoire et sont essentiels à la mémoire collective. Voici une courte liste de personnes à retenir et dont nous devons cultiver l’héritage. Dans la course de l’histoire, ces personnes ont été nos champions qui ont défié l’ordre établi pour avoir un impact positif sur la réputation et la perception des Noirs dans le monde. Ils portaient haut, à différents niveaux et dans différentes circonstances, le flambeau et le drapeau de l’identité noire.

François Makandal

Dutty Boukman

Toussaint Louverture

J. Jacques Dessalines

Henry Christophe

Alexandre Pétion

Martin Luther King

Nelson Mandela

Malcom X

Bob Marley

François Makandal

Makandal est né dans les années 1728 dans le royaume de Lorango en Afrique de l’Ouest. Il était probablement de l’ethnie mandingue. Il est amené comme esclave à St-Domingue à l’âge de 12 ans et vendu au colon Le Normand de Mézy pour travailler dans une plantation de canne à sucre à Chabaud (Chabot) dans le Limbé. Il s’est échappé de la plantation en 1751 pour se réfugier dans les montagnes où d’autres esclaves marrons avaient établi des sociétés de renégats. Il fut le premier chef connu à avoir réuni plusieurs communautés de marrons et organisé des incursions nocturnes dans les plantations pour libérer d’autres esclaves.

Il était connu pour sa férocité et son efficacité. Il a empoisonné les sources d’eau et la nourriture, semant ainsi la terreur parmi les colons. Ils l’appelaient “Le Seigneur du Poison”. Il fut aussi le premier à mener une guérilla plus ou moins organisée contre les Français en prédisant la fin de l’esclavage pour les esclaves de la grande région du Limbé. Il fut ainsi le premier vrai leader de la période précédant la révolution haïtienne.

Makandal a été recherché, traqué et sa tête a été mise à prix. Un jour de janvier 1758, il y avait une fête des esclaves ou calenda sur la plantation Dufresne. Ayant reconnu Makandal, un enfant esclave est allé prévenir son maître. Les colons ont fait flotter le tafia et Makandal s’est saoulé. Ils sont allés le capturer le soir dans une case pour noirs où il dormait. Il fut ligoté et retenu pour être transféré au Cap-Français, la capitale coloniale. Makandal s’est échappé pendant la nuit, mais les chiens l’ont ensuite poursuivi et l’ont rattrapé.

Makandal fut condamné au bûcher et exécuté le 20 janvier 1758, place d’Armes du Cap. Lors de l’exécution, dans un dernier effort surhumain, il réussit à se déplacer avec les chaînes à ses pieds et chancela de plusieurs mètres avec un morceau de perche en feu. Les esclaves présents sur la place s’exclamèrent « Makandal s’est échappé ! Makandal s’est échappé ! ” La place a été évacuée et les gardes suisses ont attrapé Makandal et l’ont ramené au bûcher où il a péri. Parce que ce dernier était reconnu comme un prêtre vaudou, cette histoire a donné naissance à une légende parmi les esclaves du Nord selon laquelle Makandal n’est pas vraiment mort mais a disparu des flammes, s’envolant comme une grosse mouche noire. Le rêve d’invincibilité des adeptes du vaudou à combattre s’est ainsi renforcé.

Dutty Boukman

Un prêtre vaudou nommé Dutty Boukman vivait également à Limbé à Chabaud (Chabot en créole) sur la même plantation que Makandal. En effet, Dutty Boukman né en Jamaïque a été vendu dans son adolescence au colon français d’Haïti Sébastien-François le Normand de Mézy.

Boukman était un grand homme qui suscitait le respect des autres esclaves. Il reconstruit une coalition de groupes d’esclaves marrons et d’esclaves des plantations à Limbe. Certains de ces esclaves bruns descendaient de la structure laissée par Makandal.

Boukman a ramené le concept d’abolition collective de l’esclavage avancé par Makandal et introduit une dimension territoriale bien définie, c’est-à-dire toute la région du nord. A cet effet, il entretient des liens étroits avec les esclaves de la grande plaine du nord et a pu organiser et participer à plusieurs réunions secrètes avec différents groupes appartenant à plusieurs plantations.

Ces multiples rencontres locales leur ont permis d’affiner le plan d’une révolte.

D’autre part, plus tard à l’âge adulte, Boukman a également été commandant puis cocher sur la plantation Clément dans la plaine du nord où il est allé vivre. Cela lui donnait l’avantage de pouvoir parcourir une partie du territoire nordique. Il a donc pu poursuivre ces activités de planification. Ainsi, Boukman organisa la réunion du 14 août 1791, afin de fixer la date de l’insurrection générale des esclaves du Nord et de les préparer mentalement, au déclenchement du soulèvement.

Le lieu de rencontre choisi était la forêt du Bois-Caïman, située à proximité de la résidence secondaire à Morne-rouge, de Sébastien-François le Normand de Mézy.

Cette fameuse réunion est communément appelée la réunion du Bois-Caïman, qui au fil du temps a pris une connotation principalement religieuse, bien qu’il s’agisse d’une réunion à caractère politique. Il y avait deux délégués chacun de toutes les plantations de Port-Margot, Limbé, Acul, Petite-Anse, Limonade, Plaine du Nord, Quartier-Morin, Morne-Rouge, etc. couvrant toute la région centrale de la Province Nord, réunis pour fixer une date à la révolte qui se préparait depuis un certain temps.

Quelques jours après cette rencontre, les esclaves mettent le feu à des dizaines de plantations dans le Nord. Les esclaves du Limbé ont ouvert le bal le 16 août, en incendiant la maison du Normand de Mézy à Chabaud (Chabot). Leurs chefs étaient des esclaves de la plantation Desgrieux (Dégrié) dont le commandant, ainsi que le commandant du logement Blin.

Une fois que les conjurés étaient parvenus à un accord sur la date de la révolte, prévue pour le 22, l’accord a été authentifié par une cérémonie vaudou tenue dans une zone fortement boisée connue sous le nom de Bois-Caïman, non loin de la plantation Le Normand. Selon la plupart des témoignages, la cérémonie était présidée par Boukman et une prêtresse vaudou de haut niveau.

L’insurrection a commencé comme prévu. Après les premiers coups et la surprise passée, les colons s’organisent. Boukman a été retrouvé. Les colons ont fini par arrêter un de ses partisans de Limbé nommé Jean, qui sous la torture a donné des informations sur Boukman et la réunion du Bois-Caïman. Ce dernier fut arrêté avec quelques partisans et exécuté au Cap-Haïtien le 9 novembre 1791. Sa tête coupée fut exposée aux yeux de tous, encore une fois pour envoyer un message clair aux autres esclaves, de ne pas se révolter.

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