District de la Capitale Fédérale de Port-au-Prince

Capitale fédérale de Port-au-Prince

Profile

La capitale fédérale de Port-au-Prince serait un district fédéral ou une ville-province ayant le même statut qu’une province ordinaire de la Fédération haïtienne. Il serait situé dans la baie de La Gonave en plein milieu d’Haïti. Cet agencement territorial suivrait une ligne géographique, sociale et historique et permettrait une organisation administrative et économique plus efficace.

Sa superficie totale serait d’environ 300 km2. Cette superficie représenterait 2,71 % celle de l’île de la Jamaïque. La population totale de la capitale fédérale serait de 2 618 894 habitants sur la base des données officielles de 2015, soit environ 90,58 % la population de la Jamaïque ou 6,54 fois la population de la Guadeloupe.

Le centre politique et administratif serait situé dans l’actuelle commune de Port-au-Prince, ville d’environ 897 859 habitants fondée en 1749.

Le district fédéral comprendrait les 8 villes et communes suivantes: Carrefour, Cité Soleil, Delmas, Gressier, Kenscoff, Tabarre, Pétionville et Port-au-Prince.

La disposition de la ville est semblable à celle d’un amphithéâtre; les quartiers commerciaux sont proches de l’eau, tandis que les quartiers résidentiels sont situés sur les collines au-dessus. En raison de sa situation géographique, le territoire de la capitale fédérale comprendrait des terres plates semi-arides à fertiles dans les plaines du Cul-de-Sac au nord et à l’est, ainsi que des montagnes dans les régions ouest et sud. Historiquement, Port-au-Prince a toujours été une ville importante en Haïti. Sa situation au point de rencontre entre le sud et le nord lui confère une importance stratégique.

La ville est le principal centre de services en Haïti. La structure politique, sociale et économique hautement centralisée du pays donne à la ville un poids qui surpasse son importance réelle et gonfle sa valeur. L’agriculture n’y est pas une activité d’importance, bien qu’elle existe dans quelques zones rurales telles que Gressier et Kenskoff. La déforestation dans les montagnes environnantes est un problème, mais est moins grave que dans d’autres régions d’Haïti.  

Port-au-Prince a une concentration statistiquement quantifiable de population historiquement d’origine mulâtre et une petite minorité d’étrangers caucasiens. Ceci fait que sa dynamique sociale et économique est différente de celle du reste de la grande région nord d’Haïti. Une grande partie de l’élite mulâtre actuelle de Port-au-Prince venait du département du Sud-Est. Le gouvernement central haïtien étant situé à Port-au-Prince, cette ville-province n’a pas une identité régionale forte et représente généralement le statu quo.

Port-au-Prince a une production artistique importante qui comprend la peinture, la sculpture et la musique. Le carnaval de Port-au-Prince est le plus grand du pays attirant en moyenne près de 500 000 participants autour du parc du Champ-de-Mars pour la grande parade du Mardi Gras. Cette célébration de trois jours est une très grande activité culturelle à laquelle participent tous les secteurs de la société. Habituellement, les riches et les entreprises construisent des stands temporaires pour accueillir leurs invités, les membres de leur famille et leurs amis. Les entreprises également parrainent les groupes musicaux qui jouent pendant le défilé principal. Bien que le carnaval soit la plus grande attraction culturelle de Port-au-Prince et en termes de participation juste derrière le joyau du carnaval de Rio, aucune tentative a été faite pour l’exploiter comme une activité touristique.

Le 12 janvier 2010, un séisme de magnitude 7,0 frappa à 40 km de Port-au-Prince. Il fut le plus grand tremblement de terre en Haïti depuis celui de 1842 dans le Nord et depuis 1770 lorsque la ville fut détruite la dernière fois par un tremblement de terre. Le nombre de morts s’éleva à 275 000 et fit de ce tremblement de terre le plus dommageable de l’histoire de l’humanité.

De nombreuses zones de Port-au-Prince ont subi des dommages importants aggravés par une forte densité de population, un code de construction inexistant, des techniques de construction médiocres, des infrastructures absentes et des plans d’urgence inexistants. La majeure partie de la zone historique centrale de la ville a été détruite, y compris la cathédrale historique de Port-au-Prince, le célèbre palais national, le palais législatif (le bâtiment du parlement), le palais de justice (bâtiment de la Cour de Cassation ou Cour suprême), plusieurs ministères bâtiments et quelques hôpitaux.

L’aéroport a été endommagé, limitant les expéditions d’aide. Le port maritime a également été gravement endommagé par le séisme et n’a pas été en mesure d’accepter les envois d’aide au cours de la première semaine. Le mercredi 20 janvier 2010, une réplique d’une magnitude de 5,9 a causé des dommages supplémentaires. On espèrait que durant la reconstruction planifié depuis 2010,  certains des problèmes endémiques de Port-au-Prince auraient été  résolus, mais ceci n’a pas eu lieu.

L’histoire

Port-au-Prince a été fondée en 1742 dans la baie de la Gonave parce que les Français avaient besoin d’un port central. En 1749, il acquit le statut de capitale et en 1770 il remplaça officiellement le Cap-Haïtien comme capitale de Saint-Domingue (Haïti). 

À l’époque coloniale, Port-au-Prince continua de consolider son statut de principal centre d’action en Haïti. La dynamique sociale coloniale était similaire à celle du reste du sud d’Haïti en raison de la présence d’une importante population de mulâtres libres. Sa situation géographique au centre de l’île en a également fait une zone importante où le nord rencontre le sud. 

Après l’indépendance le 1er janvier 1804, Jean Jacques Dessalines ne choisit pas la ville comme capitale du nouvel état en raison de sa méfiance envers la population mulâtre dont la ville était considérée comme le fief. En raison des intérêts économiques et sociaux régionaux, les dirigeants du Sud ayant leur centre de décision à Port-au-Prince assassinèrent Jean J.Dessalines en 1806 à Pont-Rouge à la périphérie de la ville. 

Entre 1810 et 1811, la ville est restée le cœur de la République d’Haïti original lorsque le Sud (profond) et le Nord (y compris la région de la province du Centre) ont déclaré leur indépendance.

Historiquement, Port-au-Prince a toujours été l’emblème du statu quo et au cœur du problème haïtien. L’aggravation du dilemme haïtien a commencé dans la ville et cette réalité continue d’être le cas aujourd’hui. À la fin des années 1890 et au début des années 1900, des groupes de guérilla armés tels que les Piquets du Sud et les Cacos du Nord se sont relayés pour renverser les gouvernements centraux de Port-au-Prince jusqu’à l’occupation américaine de 1915.

Le site initial de la ville était centré dans la zone actuelle de Bel-air. Fondée en 1831, Pétionville était considérée comme une capitale alternative mais l’idée a été abandonnée. Alors que la ville poursuit sa croissance, de nouvelles banlieues riches ont émergé dans les collines telles que Turgeau et Bois-Verna, puis plus tard Bourdon et Pacot. La classe moyenne résidait dans le centre-ville et les pauvres vivaient dans les basses terres du marais de La Saline.

Un timide programme de modernisation a débuté au 20e siècle. En 1948, le gouvernement progressiste de Dumarsais Estimé a construit la route de Delmas à Pétionville et le développement de la ville de Delmas a pris son envol. Estimé a également construit le parc moderne du Bicentenaire près du port pour la célébration du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti. Sous le règne des Duvalier, des milliers et des milliers de personnes des campagnes ont déménagés à Port-au-Prince à la recherche d’opportunités économiques alors que la base agricole du pays a continué de se détériorer et en partie à cause des troubles sociaux produits par la création de la force paramilitaire Tonton Macoute et aussi en raison d’un mini-boom des emplois d’usine sous le règne de Baby Doc.

Cite Simone a été créé comme un quartier de logements sociaux et est rapidement devenu un bidonville où se sont installés de très pauvres nouveaux arrivants de la campagne. Le reste de la ville a subi la même pression démographique. La ville de Carrefour s’est développée très rapidement. Les très riches ont continué de remonter plus haut dans les collines jusqu’à Pétionville, Kenskoff, Montagne Noire; les classes moyennes historiques de niveau riche et moyen ont consolidé leur implantation à Pacot, Bourdon, Canape Vert; la nouvelle classe moyenne s’est généralement installée à Delmas qui a connu une certaine anarchie dans sa construction sans infrastructure routière appropriée; les pauvres historiques des villes ont repris Bel-Air, Fort-National, les quartiers de Carrefour-Feuille et Carrefour; les très pauvres, principalement des paysans pauvres des campagnes les plus pauvres, se sont installés dans les régions de Cité Soleil, Croix des Bossales, Village de Dieu, etc. 

Actuellement, des membres de la nouvelle classe moyenne sont en train de s’installer à la limite nord de la ville à Tabarre et La Plaine (Poste Caseau) en raison de la disponibilité des terrains. De plus, de nouveaux bidonvilles ont vu le jour partout à Port-au-Prince, en particulier dans les collines. Tous les quartiers y compris les banlieues riches comme Pétionville, Delmas, Nazon-Bourdon connaissent ce phénomène.

Du fait de cette croissance démographique, plus récemment les bidonvilles de Cité Soleil, Bel-Air, etc. ont acquis beaucoup de poids dans la politique haïtienne avec l’élection du président Jean Bertrand Aristide. Sa politique a exacerbé et ravivé les tensions sociales existantes qui ont conduit à un coup d’État militaire, quelques années d’embargo international, une invasion américaine d’Haïti et enfin le départ forcé d’Aristide d’Haïti par l’armée américaine.

Les principaux groupes influents locaux bien connus sont les familles Mevs, Bigio, Brandt,  Madsen, Deep et Acra, etc. qui dirigent l’économie depuis les débuts de ce siècle. Ils contrôlent une grande partie de l’industrie et du commerce d’Haïti; ses approvisionnements en pétrole, téléphones, sucre, farine, plastiques, savon, huile de cuisson, ciment, acier, fer. Ils possèdent également la plupart des entrepôts du pays. D’autres noms  de haut niveau dans le secteur commercial sont Vorbes (construction, banque), Apaid (usine de confection), D’Adesky (distribution alimentaire), Nadal, Boulos, Flambert (matériaux de construction), Kawas, Bermann (concessionnaires automobiles), etc.

Le séisme de magnitude 7,0 du 12 janvier 2010, qui a détruit Port-au-Prince faisant 275 000 victimes, a redéfinit l’avenir de Port-au-Prince car toutes les classes sociales en ont été affectées. La tragédie a produit un rare sentiment d’unité qui n’était jamais présent auparavant dans la ville. Des voix s’élèvent en support à la décentralisation et on a de plus en plus le sentiment que la ville ne peut pas et ne doit pas continuer à jouer son rôle historique de la même manière et que son avenir c’est d’être une ville plus petite, moins peuplée et moins attirante pour les ruraux.

Population

La population du district fédéral de Port-au-Prince serait d’un peu plus de 2,61 millions d’habitants (2 618 894 selon les chiffres de 2015). La majorité de la population d’environ 85% est d’origine africaine, mais il existe également une importante minorité multiraciale formant près de 15% de la population qui contrôle les principales activités économiques et entreprises de la ville. Ceux-ci incluent un nombre important de mulâtres, ainsi que des résidents hispaniques et un certain nombre de Caucasiens (pour la plupart nés à l’étranger). À cet égard, les Arabes haïtiens d’origine moyen-orientale (en particulier syriens et libanais) forment une infime minorité avec une présence significative dans la capitale. Le plus souvent, ils sont concentrés dans les zones financières où la majorité d’entre eux opèrent des entreprises. La plupart des riches résidents historiques et nouveaux riches de la ville sont concentrés dans des quartiers plus riches de Port-au-Prince tels que Pétionville et Kenskoff.

La population de Port-au-Prince serait composée d’environ 29,94 % de femmes et 27,56 % d’hommes adultes, avec environ 42,49 % d’enfants. L’âge moyen y serait d’environ 22 ans.

Données économiques

Port-au-Prince est le plus grand centre économique et financier d’Haïti. La capitale exporte actuellement les produits du pays les plus en demande, à savoir le café et le sucre, et a, dans le passé, exporté d’autres produits, tels que des chaussures et des balles de baseball. Port-au-Prince possède des usines de transformation des aliments telles que l’huile, la pâte de tomate, les jus en conserve, le traitement de l’eau ainsi que des usines de savon, de textile et de ciment. Il compte plusieurs entreprises de construction. Malgré les troubles politiques, la ville entretient également une industrie du tourisme composée principalement d’employés d’ONG, de personnel politique étranger, etc. Dans le passé, Port-au-Prince était une étape normale pour les croisières; le bateau de croisière La Bohème s’y arrêtait. Cependant, depuis plus de cinq décennies, les navires de croisière n’entrent plus dans son port.

Port-au-Prince a un bon système bancaire mais il n’atteint pas la classe moyenne inférieure et les pauvres. Pour cette raison, il est petit par rapport à d’autres pays comme la République dominicaine. Notez que la République dominicaine a plusieurs grandes banques qui individuellement seraient plus grandes que toutes les banques haïtiennes réunies.

Le district de Port-au-Prince occupe la première place en Haïti en matière de richesse et de développement économique. Seul son secteur touristique est moins développé que les activités correspondantes dans le département du Nord. Quant à la répartition de la richesse basée sur l’indice du taux de pauvreté, elle occuperait également la première place. Ainsi, au début d’un nouvel arrangement de fédération, elle occupera certainement la première place économiquement parmi les quatre provinces et la capitale fédérale d’une éventuelle fédération haïtienne.

Port-au-Prince compte un bon nombre de personnes vivant dans la diaspora. En raison de l’exode d’autres régions du pays, de nombreux membres de la diaspora originaires des autres provinces y sont basés maintenant ainsi que des membres de leurs familles et entretiennent donc des liens et un intérêt pour la ville. Le niveau des envois de fonds est donc bon (estimé à $900 millions de dollars par an ou 30% du total des envois de fonds en Haïti).

error: Content is protected !!